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22 juin 2011

Ethnométhodologie

Ce court texte fait état des grandes lignes de l'ethnométhodologie telles que présentées dans l'ouvrage d'Alain Coulon, ETHNOMÉTHODOLOGIE ET ÉDUCATION (Paris, PUF, 1993).

Le projet scientifique de l'ethnométhodologie : «(...) analyser les méthodes ou, si l'on veut, les procédures, que les individus utilisent pour mener à bien les différentes opérations qu'ils accomplissent dans leur vie quotidienne. C'est l'analyse des façons de faire ordinaires que les acteurs sociaux ordinaires mobilisent afin de réaliser leurs actions ordinaires.» (p. 13)

Une définition de cette approche socilogique : «L'ethnométhodologie est ainsi définie comme la «science» des «ethnométhodes», c'est-à-dire des procédures qui constituent ce que Harold Garfinkel, le fondateur du courant et l'«inventeur« du mot, appelle «le raisonnement sociologique pratique»." (p. 13)

Le raisonnement sociologique pratique : «Les ethnométhodologues — et c'est là toute leur dette à l'égard de la phénoménologie — considèrent le monde comme un objet de perceptions et d'actions de sens commun. Le but de l'ethnométhodologie est la recherche empirique des méthodes que les individus utilisent pour donner sens et en même temps accomplir leurs actions de tous les jours : communiquer, prendre des décisions, raisonner.» (p. 16)

Un renversement de paradigme : Contrairement à la sociologie classique, l'ethnométhodologie considère que les faits sociaux sont, non pas des choses (comme le disait Émile Durkheim), mais des ACCOMPLISSEMENTS PRATIQUES. Ainsi, l'acteur social n'est plus représenté comme un idiot culturel , déterminé à l'avance par une structure sociale intériorisée, mais plutôt comme un élément dynamique, un producteur en interaction avec d'autres producteurs. Le fait social apparaît donc comme le produit de l'activité continuelle des acteurs sociaux. Ceux-ci mobilisent des savoirs-faire, des procédures, des règles de conduite afin de donner un sens à leurs activités. L'ethnométhodologie représente, en sociologie, le passage du paradigme normatif au paradigme interprétatif. Le premier se caractérise par le fait qu'un système de règles gouverne totalement l'interaction sociale et par une explication de type déductif (comme en science de la nature). Par contre, dans le second l'acteur social n'est plus un être régi exclusivement par un système de normes : "Son action est également définie par les relations qu'il noue avec autrui, qui contribue à identifier son rôle social. Les actions n'ont plus une signification stable : dans le cours des interactions, elles doivent souvent être réinterprétées. L'interaction est donc conçue comme un processus d'interprétation, dont la mise en oeuvre par les acteurs leur permet de communiquer et de poursuivre leurs échanges, en interprétant leur langage et leurs actes. Le contexte n'est plus un simple cadre passif de l'action, il est à son tour interprété.» (p. 29)

Dans cette approche, l'action et le contexte de l'action peuvent être objet d'une réinterprétation : aucune définition de la situation n'est donnée une fois pour toute. On pose donc la question : Quelles sont donc les procédures interprétatives mises de l'avant par l'acteur social ?

Premièrement, à quoi servent-elles ? «Les procédures d'interprétation des individus permettent de donner un sens aux «règles de surface» , qui sont auparavant une «structure ouverte» ayant un «horizon» de significations possibles.» (p. 20)

Deuxièmement, Aaron Cicourel (1970) a identifié six (6) caractéristiques :

1) La réciprocité des perspectives : les points de vue sont interchangeables et il y a conformité du système de pertinence (thèse inspirée du sociologue d'origine allemande Alfred SCHÜTZ).

2) L'hypothèse de la clause «et caetera» : les acteurs partagnent une compréhension commune de leurs échanges. Cette clause permet aux acteurs de saisir la signification des événements même lorsque leur caractère demeure vague et ambigu. Ceci implique qu'il existe un savoir commun socialement distribué.

3) Les formes normales : «Les deux caractéristiques précédentes supposent qu'il existe des «formes normales» d'expression, auxquelles les membres se référent pour donner sens à leur environnement. La «dissonance» produite au cours d'un échange verbal est réparée par le recours des acteurs à des formes de normalité.» (p. 21)

4) Le caractère prospectif-rétrospectif des événements : «La conversation ordinaire est pleine de ces moments où l'on doit attendre l'apparition d'un énoncé particulier afin de donner sens, rétrospectivement, à ce qui a été dit auparavant. Cette propriété permet au locuteur et à l'auditeur de maintenir leur sens de la structure sociale, en dépit de leurs incompréhensions passagères ou de leurs doutes.» (p. 21)

5) Le langage lui-même est réflexif : «Le langage est un élément constitutif fondamental de notre vie. Il nous permet de reconnaître et de rendre intelligibles nos institutions. Selon H. Garfinkel, il est constitutif de tous les cadres sociaux : d'une part, les membres le considèrent comme un indice que «tout va bien»; d'autre part, il leur est un outil indispensable pour décrire et rendre compréhensibles leurs activités et les scènes dans lesquelles elles se déroulent.»(p. 22)

6) Les vocabulaires descriptifs en tant qu'expressions indexicales : «Selon H. Garfinkel, les vocabulaires sont des index de l'expérience, et sont des traits constitutifs de l'expérience même qu'il veulent décrire.» (p. 23)

Note réalisée à partir du livre d'Alain Coulon, ETHNOMÉTHODOLOGIE ET ÉDUCATION, Paris, PUF, 1993.

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