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11 avril 2018

À propos du philosophe allemand Axel Honneth

Reconnaissance
Les rapports qu’entretiennent les individus avec la sphère de l’affectivité, viennent délimiter leur niveau d’autonomie.  S’inspirant des travaux de Winnicott relatifs au rapport entre mère et enfant et d’Erikson, en ce qui a trait à l’estime personnelle, il identifie ce rapport à l’affectivité comme le centre de l’équilibre personnelle. Toutes les atteintes à cette sphère de la reconnaissance de soi affectent l’intégrité de la personne.  Du côté de la reconnaissance juridique, il est plutôt question de cet autrui généralisé, voire objectivé, tel que présenté par Mead.  Il d’ailleurs remonter la généalogie de ce concept jusqu’à Hegel, duquel il prit inspiration dans Principes de la philosophie du droit.  Il est donc ici question des rapports juridico-normatifs qui permettent aux individus d’accéder à des conditions ou des configurations de vie qui sont justes, au regard des règles normatives universelles.  Finalement, la sphère de la reconnaissance sociale, elle, s’inscrit dans le rapport à la collectivité et à la participation citoyenne et démocratique.  Il y est donc question d’un certain respect libéral du pluralisme axiologique, de la complexité du vivre-ensemble, et de la reconnaissance de l’individu comme étant un être socialisé et membre à part entière de sa communauté.  Le manque d’une telle forme de reconnaissance mène naturellement à la stigmatisation.
Mépris
En ce qui a trait au concept de mépris, il s’inspire des travaux de la Théorie critique et tente de recenser bon nombre de formes sociales du mépris.  Il illustre comment la logique opérationnelle derrière le libéralisme tend à isoler les individus, à les individualiser, en plus de stratifier notre lecture du monde, afin d’entretenir des cloisons difficilement franchissables entre les castes ou classes abstraites.
Pathologie
Il reprend non seulement la lecture critique hégélienne, mais il se réapproprie bon nombre de concepts propres à la sociologie, comme scission, réification, aliénation, nihilisme, perte de communauté, désenchantement, dépersonnalisation, marchandisation et névrose collective.  Bref, il entre sous ce concept tout ce qui semble « maladif » et qui meuble nos configurations contemporaines.
Réification
Concept central chez Honnet, il représente l’un des piliers de son édifice théorique, puisque la quête de reconnaissance, d’une part, porte les individus à marchander leurs rapports sociaux.  Ainsi, ils se présentent sous leur forme la plus enviable socialement, tout comme il attendent obtenir les plus grands bénéfices possibles au sein de leurs diverses relations.
Auto-réification
Pendant plutôt individuel de la réification, l’autoréification fait penser à cette quête du néosujet, qui détient comme ressource ultime sa propre personne, qu’il devra donc inscrire dans les sphères de l’empowerment et du management de soi.  Les gens, en quelque sorte, en viennent à se « prostituer » moralement, afin d’obtenir de plus grands bénéfices de leur propre personne.
Liberté
La liberté se réalise au sein des relations interpersonnelles, au sein de la participation sociale à l’économie de marché, puis au sein de l’engagement démocratique. Cependant, sa vision semble quasi naïve, alors qu’il est toujours question de relations interpersonnelles relativement simples, qui ne tiennent pas compte des familles reconstituées, ni des nouveaux types de relations à genres multiples et complexes, pas plus qu’avec le caractère réifié du monde de l’emploi et des amitiés, qui fait en sorte qu’il n’y a plus véritablement de relations engagées, mais plutôt des relations intéressées.  Du côté du marché, Honneth accorde une importance significative à l’univers du droit, comme régulateur suffisant aux interactions économiques entre les individus. En ce qui a trait à la réalisation de la liberté par l’engagement démocratique, Honneth fait état du côté libéral et « ouvert » des démocraties occidentales.  Toutefois, il ne fait pas allusion aux déséquilibres du pouvoir causés par la force des capitaux détenus par un individu.  De plus, il n’accorde pas d’importance à la compétence électorale ou à la nécessité d’être instruit politiquement afin de légitimer la valeur du vote citoyen.
Pouvoir
Le pouvoir prend deux formes : la grande marche de l’histoire et la marche populaire ou citoyenne.  Il y a donc une lutte entre grands acteurs et, parallèlement, des mouvements d’opposition citoyenne.  Il y a une version plus formelle du pouvoir et une formule plutôt organique et sociétale.  Il prend appui chez des auteurs comme Adorno, Horkheimer, Habermas et Sartre.  
Bibliographie
Honneth, A. (2000).  La lutte pour la reconnaissance, trad. Pierre Rush ; Paris : Les Éditions du Cerf (éd. originale allemande 1992), 347 pages.
_____. (2007).  La réification : Petit traité de Théorie critique, trad. Stéphane Haber, Paris : Gallimard (éd. originale allemande 2005), 141 pages.
_____. (2006).  La société du mépris.  Vers une nouvelle Théorie critique, trad. Olivier Voirol, Pierre Rush et Alexander Dupeyrix, Paris : La Découverte, coll. « La Découverte/Poche », 349 pages.
_____. (2008).  Les pathologies de la liberté : Une réactualisation de la philosophie du droit de Hegel, trad. Franck Fischbach, Paris : La Découverte (éd. originale allemande 2001), 127 pages.
_____. (2013).  Un monde de déchirements, trad. Pierre Rusch et Olivier Voirol, Paris : La Découverte, 299 pages.
_____. (2013).  Ce que social veut dire : 1. Le déchirement du social, trad. Pierre Rusch, Paris : Gallimard (éd. originale allemande 1990 & 1999 ; 2007 ; 2010), 334 pages.
_____. (2015).  Ce que social veut dire : 2. Les pathologies de la raison, trad. Pierre Rusch, Paris : Gallimard (éd. originale allemande 1990 & 1999 ; 2007 ; 2010), 379 pages.
_____. (2015).  Le droit de la liberté : Esquisse d’une éthicité démocratique, trad. Frédéric Joly et Pierre Rusch, Paris : Gallimard (éd. originale allemande 2011), 596 pages.
_____. (2015). L’éducation en démocratie : un chapitre négligé de la philosophie politique, Christophe Bouton, Guillaume Le Blanc (dir) Capitalisme et démocratie. Autour de l’œuvre d’Axel Honneth, p. 18-19.
_____. (2017).  Critique du pouvoir. Michel Foucault et l’École de Francfort, élaborations d’une théorie critique de la société, trad. Pierre Rusch et Olivier Voirol, Paris : La Découverte, 384 pages.

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